La direction de Syensqo (13 500 salariés dont 38 % en Europe) a signé, le 23 janvier, un accord-cadre mondial sur la transformation numérique et l’intelligence artificielle avec le Forum mondial Syensqo et son CE européen. Le texte s’appliquera à l’ensemble du groupe à travers le monde, puisqu’il a été signé avec le Forum mondial Syensqo, qui représente l’ensemble des salariés du groupe.
Ce texte à portée mondiale confère un rôle important au CE européen. Les signataires commencent à justifier le recours à l’IA et aux outils numériques qui « offrent des possibilités inégalées en matière d’analyse prédictive, d’optimisation des processus et de personnalisation de l’expérience client, améliorant ainsi la productivité et l’avantage concurrentiel ». Ils permettent par ailleurs, « la découverte de nouveaux matériaux » et « l’amélioration des produits existants avec une rapidité et une précision sans précédent ».
De plus, ils « soutiennent la mise en œuvre de mesures de sécurité avancées, réduisant le risque d’accidents » et « contribuent aux programmes de développement durable en minimisant les déchets et en optimisant la consommation d’énergie, réduisant ainsi l’empreinte environnementale ».
Une reconnaissance des « inconvénients potentiels »
Les signataires abordent ensuite le revers de la médaille, en soulignant les « inconvénients potentiels » de ces outils. Figurent ainsi les risques « de suppression d’emplois due à l’automatisation », « de biais dans les algorithmes conduisant à des pratiques ou des décisions injustes », et « de cyberattaques dû à la numérisation croissante ». S’ajoute à cette liste, la « crainte de dépendance excessive à l’égard des systèmes d’IA, qui pourrait entraîner une perte de compétences et d’expertise humaines essentielles ».
Pour résumé, l’accord « reconnaît le potentiel transformateur de l’IA et des outils numériques (…) », tout en soulignant « l’importance de la gouvernance, de l’utilisation éthique et du développement continu de l’expertise humaine parallèlement aux progrès technologiques. » Après avoir rappelé les définitions de la « transformation numérique » et des « technologies de l’information », les signataires précise que l’accord « s’applique à tout projet d’importance significative qui met en œuvre/introduit une nouvelle technologie numérique ou d’IA ». Dans tous les cas, « les êtres humains resteront au centre des préoccupations de Syensqo, dans le respect total du principe du contrôle humain. » L’accord affirme que la supervision humaine restera toujours présente dans tout processus décisionnel impliquant l’IA.
Un dialogue régulier avec le CE européen
Un dialogue régulier est prévu entre le CE européen et les équipes de gestion numérique et IA de l’entreprise. Ainsi, un « aperçu des projets liés aux technologies numériques et à l’IA » sera présenté au comité restreint du CE européen au moins une fois par trimestre avant leur mise en œuvre afin de recueillir des commentaires sur ces projets. Il recevra aussi un rapport « pour présenter les résultats de certains projets importants une fois que ceux-ci seront mis en place ».
De plus, « une session sera consacrée aux aspects numériques lors de la session plénière annuelle ». Dans le cas d’un projet ayant une importance significative, le texte prévoit un processus d’information et de consultation au niveau approprié (mondial, européen, national et/ou local) en fonction de l’ampleur du projet. Des évaluations des risques et des opportunités liés aux nouvelles technologies seront réalisées après information/consultation des instances représentatives du personnel concernées avant l’introduction d’une nouvelle technologie sur le lieu de travail.
Un accompagnement des restructurations
Par ailleurs, un programme de formation, de requalification et d’amélioration des compétences fera partie intégrante du déploiement d’un nouvel outil numérique/AI. Le texte ajoute qu’« un indicateur de suivi sera utilisé pour s’assurer que tous les employés reçoivent le programme de formation nécessaire pour la nouvelle application d’IA ». En cas de restructuration, Syensqo « fournira le soutien nécessaire en termes de réorientation professionnelle, de coaching individuel, de formation et de reconversion, de reclassement externe, de repositionnement en priorité pour les employés licenciés et d’autres formes de soutien ». Le texte affirme que les licenciements « ne sont envisagés qu’en dernier recours ». Par ailleurs, il garantit le respect des principes du bien-être au travail, y compris le droit à la déconnexion. L’accord reconnaît que « si la transformation numérique est un formidable catalyseur d’amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et des choix pour une partie de la société, elle est source de changements et de pression pour d’autres, ce qui peut se refléter dans leur santé mentale ».
Concernant les représentants des salariés, il est précisé que ces derniers peuvent utiliser les systèmes de l’entreprise pour exercer leurs fonctions et, à ce titre, « leur empreinte numérique ne sera pas surveillée, consultée ou conservée de quelque manière que ce soit ».