Cette étude met à jour l’indice mondial 2023 de l’exposition professionnelle à l’IA (GenAI) de l’OIT, intégrant les progrès récents de la technologie et une meilleure connaissance des utilisateurs avec les outils GenAI. En utilisant un échantillon représentatif des 29 753 tâches professionnelles du système polonais de classification professionnelle et une enquête menée auprès de 1 640 personnes employées dans chaque groupe ISCO-08 à 1 chiffre, 52 558 points de données ont été collectés, concernant le potentiel d’automatisation pour 2 861 tâches.
Comment l’IA générative pourrait-elle avoir un impact sur les différentes professions ?
Une grande partie de l’intérêt porté à l’IA et au travail concerne ses effets possibles sur les pertes d’emploi – les emplois seront-ils remplacés par l’IA ou seront-ils transformés ? « Bien qu’il ne soit pas possible de prédire l’avenir – d’autant plus que la technologie est encore en évolution – les chercheurs du BIT (bureau international du travail) ont d’abord développé une méthodologie en 2023, puis l’ont affinée en 2025, pour estimer les effets potentiels de l’IA génératrice sur les professions existantes, et ensuite, dans un deuxième temps, sur l’emploi », indique la dernière étude.
Chaque profession est composée de tâches. Chacune des tâches a reçu un score potentiel d’automatisation compris entre 0 et 1, où 0 signifie qu’il n’est pas possible de l’automatiser avec l’IA générative, et 1 signifie qu’elle peut l’être entièrement.
De manière générale, les résultats montrent que peu d’emplois sont entièrement composés de tâches entièrement automatisables avec les technologies actuelles de l’IA générative ; presque toutes les professions incluent des tâches nécessitant une intervention humaine.
Qui pourrait être concerné ?
A l’échelle mondiale, un travailleur sur quatre évolue dans une profession exposée à l’IA générative. Les pays à revenu élevé enregistrent la part la plus importante d’emplois exposés (34 %). Cette part diminue fortement à mesure que le niveau de revenu baisse, atteignant seulement 11 % dans les pays à faible revenu.
64,3 % des emplois mondiaux ne sont pas concernés par l’IA générative, 3,3 % de l’emploi mondial se trouve dans la catégorie d’exposition la plus élevée, bien qu’il y ait des différences significatives entre l’emploi féminin (4,7 %) et masculin (2,4 %). Ces différences augmentent avec le revenu des pays : dans les pays à revenu élevé, les emplois les plus exposés à l’automatisation représentent 9,6 % de l’emploi des femmes, contre seulement 3,5 % pour les hommes.
Les emplois de bureau sont les plus susceptibles de changer, même si l’évolution des capacités de la GenAI entraîne aussi une exposition croissante de certaines professions cognitives hautement numérisées dans les secteurs des médias, des logiciels et de la finance.
Les professions les moins concernées par l’IA générative
Six paliers d’exposition ont été répertoriés, des professions non concernées à celles qui sont déjà aujourd’hui les plus exposées à l’IA générative.
Parmi les professions qui pourraient ne pas du tout être concernées, on trouve les laveurs de véhicules, ceux qui s’occupent des ordures, les coiffeurs, esthéticiens, agents de pompes funèbres et embaumeurs, gardes d’enfants, éducateurs de la petite enfance, personnel de maison et de compagnie, plâtriers, vitriers, métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat, matelots, dentistes, sage-femmes, conducteurs de train, agents de sécurité, mécaniciens d’avion, scaphandriers…
Palier 2 avec une exposition minimale : les techniciens et préparateurs en pharmacie, les inspecteurs des douanes et des frontières, les conducteurs de poids lourds et de camions, le personnel infirmier, les spécialistes de l’enseignement, les directeurs de centres sportifs, les guides, les professeurs de langue, les agents immobiliers, les designers er décorateurs d’intérieur, les techniciens de télécommunications, les diététiciens et spécialistes de la nutrition.
Palier 3 avec une faible exposition et une forte variabilité des tâches : sont principalement répertoriés les chauffeurs de taxi et conducteurs d’automobiles et de camionnettes, les assistants médicaux, les vendeurs à l’étal sur les marchés, les archivistes, les vendeurs dans les magasins, les photographes, les caissiers et billettistes, les techniciens des sciences de la vie (à l’exception de la médecine), les livreurs de colis.
Palier 4 avec une exposition modérée et forte variabilité des tâches, figurent notamment : les analystes en gestion de l’organisation, les directeurs de commerce de détail et de gros, les annonceurs et présentateurs de radio et télévision, les contrôleurs des impôts, les formateurs en technologie de l’information, les spécialistes des relations publiques, les concepteurs graphistes et multimédia, les courtiers en marchandise, les commerçants, les démonstrateurs en magasin, les historiens, philosophes et spécialistes des sciences politiques, les anthropologues.
Les professions les plus concernées par l’IA générative
Palier 5 dans les professions à exposition très élevée et faible variabilité des tâches, l’étude cite notamment : les journalistes, les bibliothécaires, les écrivains publics, les codeurs, correcteurs d’épreuve, les spécialistes des réseaux, les administrateurs de systèmes, les traducteurs et interprètes, les guichetiers de banque, les auteurs, les économistes, les mathématiciens, actuaires et statisticiens.
Palier 6 avec l’exposition la plus élevée et une faible variabilité des tâches – la majorité des tâches actuelles dans ces emplois présente un fort potentiel d’automatisation, avec peu de variation entre les tâches – où l’on trouve : les opérateurs sur claviers numérique, les employés de services statistiques ou financiers, les employés de bureau, les responsables de prêts, les aides comptables, les télévendeurs, les concepteurs de site internet et multimedia, les employés au service du personnel, les employés au service de paie, les dactylographes et opérateurs de traitement de texte, les courtiers en valeur et cambistes, les analystes financiers.
C’est l’Europe et l’Asie Centrale qui sont les zones du monde les plus concernées par l’exposition des professions à GenIA, pour les paliers 5 et 6 (respectivement 9,5 % et 5,7 %), mais les professions non exposées sont sous la barre des 50 % (49,6 %) alors qu’elle est de 54,7 % pour les Amériques et de 73,6 % pour l’Afrique.
« Les politiques encadrant les transitions numériques seront déterminantes pour maintenir les travailleurs dans des métiers en transformation et garantir la qualité des emplois », conclut l’étude.