Les nouvelles technologies, un véritable enjeu pour le monde du droit


Les nouvelles technologies, un véritable enjeu pour le monde du droit
Daria Viktorova, nommée Top Legal Voices 2025, nous livre au sein de cet article l'importance d'intégrer les nouvelles technologiques et notamment l'IA dans l'exercice des professions juridiques. Par ces expériences et son parcours professionnel Daria Viktorova s'est interrogée sur la place de ces technologies dans les métiers du droit l'amenant à les intégrer au mieux grâce à un apprentissage continu et une véritable ouverture dans l'exercice de sa profession.

Quel a été votre parcours professionnel, et quelles réflexions vous ont conduit à percevoir l’importance d’intégrer les nouvelles technologies dans l’exercice des métiers du droit ?

Je suis juriste d’entreprise depuis plusieurs années, aujourd’hui responsable juridique chez Daregal, une ETI agro-alimentaire.

Mon parcours a commencé en Russie, où j’ai étudié et exercé le droit avant de m’installer en France. Cette transition m’a permis de confronter deux cultures juridiques très différentes, mais aussi de réaliser à quel point notre métier évolue vite, surtout quand on intègre la dimension technologique.

J’ai toujours aimé les sujets à la croisée du droit et de l’innovation. Quand ChatGPT est apparu, je me suis tout de suite demandé comment l’utiliser dans un cadre sécurisé et utile pour nos métiers. C’est de là qu’est née ma démarche : tester, former, expliquer.

J’ai commencé par expérimenter en interne, puis j’ai créé ma newsletter Daria décrypte l’IA pour vulgariser ces sujets auprès des juristes et des professionnels de l’entreprise. Aujourd’hui, j’anime aussi des formations et j’accompagne des directions juridiques dans leur acculturation à l’IA.

Pourquoi considérez-vous que la formation continue, l’accès à l’actualité technologique et la veille permanente sont essentiels pour une intégration réussie de l’IA dans les pratiques juridiques ?

L’IA évolue à une vitesse folle. Pour les juristes ne pas se former, c’est risquer de passer à côté d’outils qui peuvent transformer leur manière de travailler.

La veille, ce n’est pas du luxe : c’est la seule manière de distinguer les vraies opportunités des effets de mode. Comprendre les usages, les limites et les risques permet de garder la main sur la technologie au lieu de la subir.

Et au-delà des outils, la formation continue renforce la posture stratégique du juriste. Celui ou celle qui comprend l’IA devient un interlocuteur clé pour les métiers et la direction.

Pensez-vous que l’application de l’IA dans le domaine juridique contribue à une véritable modernisation de la profession ?

Oui, clairement. L’IA ne remplace pas le juriste, elle change sa manière d’agir.

On automatise certaines tâches chronophages, mais surtout, on libère du temps pour l’analyse, le conseil, la pédagogie.

Le vrai enjeu, ce n’est pas “faire plus vite”, mais “travailler mieux” : produire des documents plus clairs, des analyses plus pertinentes, des décisions plus éclairées.

C’est aussi un levier d’attractivité pour la profession : les jeunes juristes attendent des environnements de travail plus modernes et collaboratifs.

Vous avez développé des formations en IA, avez-vous observé une évolution concrète des pratiques chez les participants ? Pouvez-vous partager quelques exemples ou retours d’expérience ?

Oui, il y a un vrai avant/après.

Au début beaucoup viennent avec de la curiosité, parfois un peu d’appréhension. Mais très vite, ils réalisent que l’IA peut devenir un allié.

Après la formation certains créent leur propre assistant juridique avec ChatGPT, d’autres mettent en place des protocoles internes d’usage.

Ce que j’ai remarqué aussi, c’est une nette évolution des besoins.

Au début de l’année 2025, les demandes portaient surtout sur l’acculturation : comprendre les bases, savoir prompter, poser les bons réflexes.

Aujourd’hui la plupart des juristes savent déjà prompter et utiliser l’IA. Ce qu’ils recherchent maintenant, c’est un niveau intermédiaire, avec des retours d’expérience concrets.

Ils veulent des tips, des cas d’usage réels, savoir quels outils fonctionnent vraiment et lesquels non.

Je sens une vraie montée en compétence et, surtout, une ouverture d’esprit beaucoup plus marquée vis-à-vis de l’IA. On est passé de la curiosité prudente à une envie claire d’expérimenter et d’intégrer ces outils dans les pratiques quotidiennes.

Daria Viktorova
Responsable juridique chez Darégal