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La formation est morte, vive la formation ! Mise de côté depuis quelques années par les entreprises au profit de la gestion des talents ou du recrutement, la fonction formation revient aujourd’hui sur le devant de la scène, propulsée par des solutions dopées à l’IA. Dans un contexte de concurrence accrue, de raréfaction des talents et “d’économie de marché” de la compétence (dont la durée de vie est passé de 30 ans en 1987 à 18 mois aujourd’hui, selon l’OCDE), la capacité à former efficacement ses collaborateurs est devenue cruciale et synonyme de compétitivité sur le marché.
Les règles du jeu, aussi, ont changé : la formation se doit aujourd’hui d’être produite rapidement, dispensée de façon multimodale tout en s’insérant dans la journée de travail de l’apprenant. Le tout avec un impact business -car c’est bien là la finalité d’une formation- finement mesuré. En somme, la responsabilité n’a jamais été aussi grande pour le SI Formation, qui n’a pourtant pas connu de révolution depuis l’apparition puis l’essor des Learning Experience Plateformes (LXP).
Un marché hautement concurrentiel et qui se consolide
Depuis 2018, le marché du learning se consolide, avec la promesse grandissante de renforcer l’engagement de l’apprenant. Le rachat d’Edcast par Cornerstone en 2022 ou celui de Bealink par Syfadis en 2023 ne sont que des exemples de la volonté des éditeurs d’adresser toute la chaine de valeur de la formation, avec la proposition d’une expérience apprenante sans couture. Aujourd’hui, seuls quelques rares éditeurs, tel que Degreed (sur le volet LXP) ou Training Orchestra (sur le volet TMS) persistent dans un modèle pur “Best of Breed” (être le meilleur outil dans sa catégorie), avec des stratégies basées sur leur capacité à s’intégrer à tout l’écosystème SIRH grâce à des partenariats forts.
Mais la concurrence vient également de l’extérieur. Depuis plusieurs années, le déploiement de Talent Marketplaces, qui permettent la suggestion de contenus de développements, dont des formations, se démocratise. Le chevauchement avec la proposition de valeur des LXP est palpable, mettant à risque les parts de marché des acteurs historiques de SI Formation. Le mode “Best of Breed” est-il en danger ? Pas vraiment, les entreprises les plus matures se dirigent vers une cohabitation des deux plateformes. Dans ce cas, le LXP, par nature plus centré utilisateur et donc plus intégré au quotidien des collaborateurs, joue le rôle d’apporteur de trafic pour une Talent Marketplace dédiée à des cas d’usage plus ponctuels (ex : mobilités, mentorat, etc.).
L’IA, une révolution déjà en marche
Les LXP, dernière innovation SI Formation majeure, ont amorcé la personnalisation de la distribution de contenus à l’apprenant. Aujourd’hui, l’Adaptive Learning poursuit cette tâche, allant jusqu’à faire sauter une leçon à un apprenant qui aurait particulièrement bien répondu au questionnaire d’évaluation de la précédente. Nous entrons dans une ère d’hyperpersonnalisation de la fourniture de contenus, une sorte de “dis-moi qui tu es et je te dirai comment et sur quoi te former” permise grâce aux algorithmes d’IA et aux compétences devenant le langage commun.
Reste une difficulté de taille : le manque de temps des collaborateurs. Si l’on exclue les formations certifiantes ou règlementaires, il est rare que du temps d’apprentissage soit sanctuarisé par les entreprises. Or, un LXP –comme toute application- n’est utile que si l’employé s’y connecte, ce qui est loin d’être trivial quand on sait la difficulté de faire adopter une solution RH -même performante- aux employés.
Des solutions renversent le problème en proposant de retrouver l’employé là où il est : sa solution de messagerie instantanée. C’est le cas d’Arist, une plateforme initialement conçue pour former des soldats en zone de conflit, qui permet à l’apprenant de converser avec une IA générative directement dans Teams. Même si cette technologie reste, à ce stade, surtout cantonnée à du micro-learning. Il s’agit d’une corde de plus à l’arc des responsables formation. Une corde à ne pas sous-estimer car elle permet des taux de complétion de formation autour des 90 %.
Mais pour pouvoir distribuer massivement du contenu, encore faut-il être en mesure de le produire au même rythme. Là encore, propulsée par l’IA, une révolution est également déjà en marche. Des solutions telles qu’Uplimit sont en mesure de digérer les documents afin de produire automatiquement des contenus de formation associés. Par exemple, vous souhaitez former vos équipes commerciales à un nouveau produit d’assurance ? Puisque vous avez déjà en votre possession vos descriptions du produits et autre documents marketing, on parle ici de réduire une tâche d’ingénierie pédagogique de plusieurs semaines à seulement quelques minutes.
L’enjeu, l’équilibre entre automatisation et esprit critique
Comme le e-learning en son temps, l’IA révolutionne la façon dont nous concevons, distribuons et consommons la formation en entreprise. Le potentiel est immense : de la réduction du temps d’ingénierie pédagogique à l’apparition de nouveaux canaux de distribution. Et les conséquences seront fortes sur les processus, les métiers et les organisations.
Pour un responsable formation et plus largement pour un DRH, l’enjeu sera de trouver l’équilibre entre automatisation dopée à l’IA et place de l’humain (surtout de son si nécessaire esprit critique) dans le processus, afin de maximiser l’impact pour son business.