L’IA aide aussi les RH à définir les green jobs de demain


L’IA aide aussi les RH à définir les green jobs de demain
Chaque mois, le cabinet de conseil Sia Partners décrypte pour Liaisons Sociales la révolution IA et ses impacts sur les ressources humaines. Cette cinquième chronique est co-signée par Maurice Le Maire, directeur principal, RH, transformation et secteur public, Charlotte Grandidier, consultante senior RH & transformation et Cyril de Saint Albin, consultant senior RH & transformation. Ces chroniqueurs, rattachés aux bureaux canadiens de Sia Partners (Montréal et Ottawa), ont également fait contribuer des acteurs de la Business Unit Energie, Utilities and Environment.

Dans un monde en perpétuelle mutation, une nouvelle donne s’impose aux entreprises : la montée en puissance des impératifs environnementaux. Les entreprises ne peuvent plus faire fi des enjeux écologiques et se doivent de les intégrer dans leurs pratiques, à tous les niveaux.

C’est donc dans un environnement de travail toujours plus volatile, incertain, complexe et ambiguë (concept VUCA), marqué par l’arrivée de l’intelligence artificielle, qu’évoluent les entreprises et leurs acteurs, parmi lesquels émergent de nouveaux rôles clés, en quête de sens, comme celui de citoyen des organisations, mais aussi – et surtout – de nouvelles compétences, dîtes « vertes », tout en accélérant l’obsolescence de certaines.

Les RH en première ligne

De facto, à la croisée des chemins entre la révolution numérique et la révolution verte, les ressources humaines sont en première ligne pour identifier rapidement ces nouveaux besoins en métiers verts (green jobs) et en compétences vertes (green skills). En effet, ces nouveaux métiers sont en train d’émerger, tels que celui de « energy manager », qui est chargé de la gestion et de la réduction des consommations énergétiques ou encore de « data analyst » spécialisé en environnement, qui analyse les données environnementales pour soutenir les initiatives de durabilité.

En parallèle, les métiers existants seront largement impactés, comme les ingénieurs qui devront intégrer des concepts de durabilité dans leur projet, les gestionnaires de projet, qui devront inclure des objectifs de durabilité et de réduction de l’empreinte écologique dans la planification et l’exécution de leur projet, ou encore des auditeurs qui devront intégrer des critères environnementaux dans leurs évaluations.

In fine, les responsables de ressources humaines devront mettre en place des programmes de sensibilisation et de formation sur les enjeux environnementaux, tout en intégrant les critères de durabilité dans les politiques de recrutement et de rétention du personnel. Ceci servira à contribuer au développement de nouvelles compétences organisationnelles, tant transversales que techniques.

Intégration de l’IA dans les pratiques RH

Dans ce contexte, l’intégration de l’intelligence artificielle dans les pratiques RH apparaît comme une solution sérieuse pour les outiller efficacement dans cette transition de compétences et leur recherche de nouveaux talents verts.

Tout d’abord, l’intelligence artificielle peut être mise au service de la Strategic Workforce Planing (SWP), pour mieux anticiper l’évolution des besoins en compétences vertes de l’organisation, une fois que les entreprises les aient préalablement définies.

L’IA et à la Data Science pourront ensuite aider les RH à analyser les tendances du marché du travail liées aux emplois verts, identifier les compétences et les talents nécessaires pour soutenir la transition vers une économie plus durable et prévoir les besoins futurs en matière de compétences vertes.

Mais aussi – et surtout – l’IA pourra accompagner les RH à identifier et à combler rapidement les écarts entre les compétences nécessaires à cette transition versus celles déjà présentes dans l’entreprise, grâce à une modélisation plus précise de scénarios. En effet, l’IA, à l’aide d’algorithmes prédictifs, va analyser une grande quantité de données, et élaborer plusieurs hypothèses de SWP, tout en calculant l’impact financier de chacune d’elles et en proposant des solutions adaptées pour pallier ce manque de compétences vertes, comme le recours à un sous-traitant, mais aussi à la mobilité ou au recrutement.

L’IA peut par ailleurs être également utile sur ce dernier point, grâce au data scraping, qui va permettre aux RH de cibler ces green skills lors des phases de revue de CV.

Mais avant de chercher à recruter de nouveaux talents et compétences, il est important d’identifier ceux déjà disponibles à l’interne, et qui pourraient être mis au profit de la transition écologique de l’entreprise, aux moyens de formations, d’accompagnements, et d’opportunités de mobilités internes.

Plateformes internes de Talent Marketplace

C’est exactement à cet enjeu que répondent les plateformes internes de Talent Marketplace, qui, grâce au machine learning, vont permettre de faire connaître les opportunités vertes de l’organisation, mais aussi de les faire correspondre avec les préférences et aspirations individuelles de chaque collaborateur, à qui l’IA proposera des opportunités internes personnalisées. Le scraping de CVs et le matching des compétences vertes avec les offres internes sont alors automatisés, et optimisés.

Adaptation rapide des entreprises

En conclusion, la transition vers une économie plus durable nécessite une adaptation rapide des entreprises, notamment en matière de gestion des ressources humaines, car ces dernières doivent planifier, sourcer et développer les ressources qui auront la charge de mettre en œuvre la transition écologique des entreprises, et faire évoluer leurs modèles d’affaire.

L’intégration de l’IA dans les pratiques RH n’est donc pas à sous-estimer pour accélérer sur ces sujets et ainsi mieux identifier, développer et mobiliser les compétences nécessaires à cette transition.

Toutefois, il est important de noter que l’analyse automatique des données par l’IA n’est permise que si un tel jeu de données existe ! Cette nuance souligne l’importance pour les entreprises d’investir dans la collecte et la gestion de données liées aux compétences, aux performances et aux tendances du marché du travail liées aux green jobs et green skills. Le plus tôt sera le mieux.

Maurice Le Maire
Directeur principal de SIA Partners
Cyril de Saint Albin
Consultant senior RH & transformation de SIA Partners
Charlotte Grandidier
Consultante senior RH & transformation de SIA Partners